EXTRAITS. Samedi 27 avril, 600 librairies en France, en Belgique, au Luxembourg et en Suisse francophone célébreront la 26e Fête de la librairie. Les visiteurs se verront offrir un beau livre rassemblant les poèmes de l’oulipien Jacques Roubaud et les illustrations du peintre Edi Dubien. Avant-goût.
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Cet article est une tribune, rédigée par un auteur extérieur au journal et dont le point de vue n’engage pas la rédaction.
Né en 1932, Jacques Roubaud est un poète et mathématicien qui a décroché un beau palmarès : prix Goncourt de la poésie en 2021, Grand prix de littérature Paul-Morand de l’Académie Française en 2008, Grand prix national de la poésie en 1990, prix France-Culture en 1986... Membre de l’Oulipo, Jacques Roubaud s’est intéressé à l’utilisation des mathématiques et de l’informatique pour l’écriture à contraintes. Il a développé une œuvre abondante, parmi laquelle « ∈ » (Gallimard, 1967), « La forme d’une ville change plus vite, hélas, que le cœur des humains » (1999), « Je suis un crabe ponctuel » (2016) ou « Poétique. Remarques. Poésie, mémoire, nombre, temps, rythme, contrainte, forme, etc. », (Seuil, 2016)...
« Les Animaux de personne » propose des poèmes consacrés à des animaux que nos imaginaires ont injustement laissés pour compte − L’Agrobate Rubigineux, le Coati Sociable, le Glouton Boréal... − des espèces oubliées, tout droit sorties d’un cabinet de curiosités. « Les Animaux de tout le monde », classique de la poésie et, plus généralement, de la littérature jeunesse, offre quant à lui un bestiaire où se croisent animaux domestiques, bêtes sauvages ou espèces menacées. A l’occasion de la Fête de la librairie qui se tiendra dans plus de 600 boutiques, les visiteurs pourront les retrouver dans un joli livre. Extrait ci-dessous.
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. EDI DUBIEN / FÊTE DE LA LIBRAIRIE
Hérisson !
Il fuit dans le cresson
le buisson le hérisse
langue rose ! rose cuisse !
hérisson ! hérisson !
gourmand de calissons
de crème, de réglisse
dans la rosée il glisse
hérisson ! hérisson !
Il ne craint pas le loir
qui dort dans son tiroir
il ne craint pas la lune
ni, grâce à ses piquants,
le charbon urticant
mais le poids lourd l’importune
« Hérissons ! hérissons !
Nous périssons ! Nous périssons ! »
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Abonné
. EDI DUBIEN / FÊTE DE LA LIBRAIRIE
Hanneton
Le hanneton a disparu
il était lourd et maladroit
il ne volait pas toujours droit
dans le soir de juin jaune et cru
on lui chantait : « hanneton !
hanneton vole vole vole ! »
on lui chantait : « hanneton !
hanneton vole vole donc ! »
Le hanneton a disparu
de quel mal était-il la proie
quelle poudre jetée de quels doigts
l’a rayé de la cartes des vies ?
on lui chantait : « hanneton !
hanneton vole vole vole ! »
on lui chantait : « hanneton !
hanneton vole vole donc ! »
par la fenêtre ouverte
il entrait dans la chambre
étonné hésitant
il venait des feuilles vertes
et chaudes dans l’ombre
je m’en souviens souvent
on lui chantait : « hanneton !
hanneton vole vole vole ! »
on lui chantait : « hanneton ? »
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