Classement La France reste le pays le plus attractif d’Europe pour les entreprises

Dans les bureaux d’une société française qui conçoit et fabrique des drones, en Haute-Garonne, en février 2024.

Dans les bureaux d’une société française qui conçoit et fabrique des drones, en Haute-Garonne, en février 2024. PAT BATARD / HANS LUCAS VIA AFP

Décryptage  « L’image internationale du pays s’est même améliorée », résume-t-on chez EY. Pour les patrons étrangers, la baisse constante des impôts, l’énergie décarbonée et le président pro-business sont des atouts.

Voilà un classement qui tombe à pic pour l’Elysée : la France reste le pays le plus attractif d’Europe, et ce pour la cinquième année consécutive, dans le classement EY, panel qui recense tous les projets d’investissements dans les pays européens conduits par des entreprises étrangères. De quoi conforter Emmanuel Macron dans sa volonté de ne surtout rien changer dans sa politique économique, tournée vers les besoins des entreprises.

En 2023, une fois de plus donc, la France a attiré le plus d’investisseurs internationaux en Europe, surpassant de loin l’Allemagne. Notre voisin outre-Rhin s’est effondré de 12 % l’an dernier sur ce critère, victime de la crise énergétique et de son marasme économique. L’Irlande, l’Autriche, l’Italie, la Belgique et le Portugal ont également reculé fortement.

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Côté français, au contraire, les indicateurs restent au vert. En 2023, 1 194 nouveaux projets ou extensions d’implantations – sur les 5 694 lancés en Europe – ont été menés en France, soit environ un sur cinq. Et ils ont créé près de 40 000 emplois sur le territoire. Un résultat quasi similaire à celui des années précédentes, mais en légère baisse quand même : la France recule de 5 % dans les projets qu’elle attire, alors que l’Europe ne perd au total que 4 %.

L’évolution des investissements étrangers entre 2014 et 2023.

L’évolution des investissements étrangers entre 2014 et 2023. EY

Le continent a souffert l’an dernier, entre les incertitudes géopolitiques, l’envolée des prix du gaz et du pétrole, la quasi-récession de toutes ses économies et surtout la forte croissance des Etats-Unis, devenus encore plus attirants que jamais pour tous les investissements industriels avec les subventions de l’IRA (Inflation Reduction Act). La France est donc à peu près dans la moyenne européenne, signe que, pour les chefs d’entreprise étrangers, le mix français – une fiscalité professionnelle en baisse constante, une énergie décarbonée, un gouvernement pro-business – est plus que jamais rassurant. « L’image internationale du pays s’est même améliorée, et elle contraste fortement avec tous nos doutes intérieurs », résume Marc Lhermitte, directeur associé du cabinet EY, qui conduit l’enquête tous les ans.

530 projets industriels, pour 20 000 emplois

Globalement, le panel international de patrons que consulte EY pour établir son enquête regarde la France d’un œil positif, particulièrement sur ses perspectives à trois ans, ce qui peut aider à déclencher de nouvelles installations dans le pays. « Sans doute parce que la France n’a pas d’échéance électorale importante en vue, que les questions ne se posent pas sur un changement de sa politique économique », explique Marc Lhermite.

Une des nouveautés de l’année 2023, c’est que pour la première fois depuis longtemps, la quasi-moitié des nouveaux projets concernent l’industrie : 530 investissements industriels ont été menés, créant 20 000 nouveaux emplois. « C’est un premier signe de la réindustrialisation dont on parle tant depuis quelques années. Ce qui est intéressant, c’est que toutes les régions françaises sont concernées par ces créations, y compris de petits bassins d’emploi, analyse Marc Lhermitte. Cela ne résoudra pas tous les problèmes de la France, mais cela a un intérêt pour le commerce extérieur : les entreprises étrangères ne pèsent que 1 % des entreprises du pays, mais elles assurent 35 % des exportations industrielles… »

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Les régions d’accueil des investissements internationaux en Europe.

Les régions d’accueil des investissements internationaux en Europe. EY

Des secteurs comme l’automobile ou l’aéronautique ont ainsi été très favorisés l’an dernier. Et un secteur d’avenir essentiel s’en est très bien sorti : l’intelligence artificielle (IA). Selon Marc Lhermitte :

« Cela concerne très peu de projets à l’échelle du continent et des emplois en jeu, mais 17 entreprises ont fait le choix de la France en IA, ce qui nous met en tête de l’Europe. »

Les PME critiques

Mais il y a aussi des points nettement moins agréables pour l’avenir économique du pays dans le classement EY. D’abord, les petites entreprises implantées chez nous continuent à juger que la compétitivité française laisse à désirer, que la fiscalité, les salaires et la réglementation restent trop lourds. Seules 58 % des PME étrangères installées en France comptent investir plus pour s’y développer. Ces aspects inquiètent moins les grandes entreprises. Certains secteurs sont particulièrement à la peine : les investissements dans la chimie, la logistique et l’agroalimentaire sont en baisse.

Les villes européennes les plus attractives pour les trois prochaines années.

Les villes européennes les plus attractives pour les trois prochaines années. EY

Autre surprise du cru 2023 : le retour du Royaume-Uni, à nouveau très compétitif auprès des investisseurs internationaux. Avec 6 % de projets en plus (985), il dépasse nettement l’Allemagne. Les patrons, qui avaient délaissé le pays après le Brexit, recommencent à lui trouver du charme, d’abord parce qu’il demeure une place financière forte et surtout parce qu’il a choisi une nouvelle voie moins régulée que l’Union européenne. Cela plaît dans le monde numérique, de la santé ou de la finance.

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La France n’est pas la seule victime de ces nouvelles ambitions britanniques : c’est toute l’Union européenne qui perd les nouveaux sièges sociaux d’entreprises étrangères. A ce petit jeu, les principaux perdants sont l’Irlande et les Pays-Bas, qui visaient traditionnellement ce type d’activité, mais la France est également en recul.

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