Européennes 2024 Le discours de Macron à la Sorbonne est-il décompté du temps de parole de la campagne de Renaissance ?

Emmanuel Macron lors de son discours à la Sorbonne, à Paris, le 25 avril 2024.

Emmanuel Macron lors de son discours à la Sorbonne, à Paris, le 25 avril 2024. CHRISTOPHE PETIT TESSON/AP/SIPA

Décryptage  Pendant le discours du chef de l’Etat sur l’Europe à la Sorbonne ce jeudi, le parti Les Républicains a saisi l’Arcom pour que cette « opération de propagande électorale » soit décompté de la campagne de Renaissance. « Le Nouvel Obs » revient sur les règles en vigueur.

Dans l’amphithéâtre de l’université de la Sorbonne, ce jeudi 25 avril, la tribune est aux couleurs de l’Europe. Au micro, Emmanuel Macron déroule pendant près de deux heures ses « constats » sur le fonctionnement de l’Union européenne et développe ses propositions pour l’avenir. Après « Sorbonne I » en septembre 2017 où il donnait sa vision pour l’Europe, le président joue l’acte 2, entre bilan et ambition future.

La même séquence ? On peut y croire, à une différence majeure près : le second discours se déroule en pleine campagne pour les élections européennes, le 9 juin prochain. Et alors que la période d’équité du temps de parole entre les candidats est effective depuis le 15 avril. Pire, selon les oppositions : le président prend la parole alors que la liste de sa majorité, conduite par Valérie Hayer, est largement distancée par l’extrême droite et rattrapé par la gauche. La séquence est vue comme une tentative de sauvetage.

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Alors que le chef de l’Etat est encore en pleine allocution, l’AFP annonce que Les Républicains (LR) ont saisi l’Autorité de Régulation de la Communication audiovisuelle et numérique (Arcom) pour que l’intégralité du discours présidentiel – qu’ils qualifient « d’opération de propagande électorale » – soit décomptée « du temps de parole de la liste conduite par Mme Valérie Hayer ». Mais cela est-il possible ?

Une parole présidentielle divisée en trois catégories

Contacté par « le Nouvel Obs », le régulateur renvoie vers une délibération du CSA (devenu l’Arcom) du 4 janvier 2011 « relative au principe de pluralisme politique (…) en période électorale ». Au volet « traitement de l’actualité liée à l’élection », la règle en vigueur est détaillée :

« Conformément à la jurisprudence du Conseil d’Etat, les interventions éventuelles du président de la République qui, en raison de leur contenu et de leur contexte, relèvent du débat politique lié aux élections, notamment celles qui comportent l’expression d’un soutien envers un candidat ou une liste de candidats, un parti ou groupement politique, font l’objet d’un relevé distinct. »

En période électorale, la parole présidentielle est divisée en trois catégories : celle relevant du débat politique est considérée comme du temps réservé à l’exécutif, celle évoquant des questions régaliennes et internationales est dite « hors débat », et celle correspondant à un soutien politique.

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Seule cette dernière est considérée dans le temps de parole de la campagne des européennes. Une fois son relevé réalisé par les « éditeurs » – soit les chaînes de télévision et de radio –, ces derniers doivent en tenir compte « en veillant à ce que les autres candidats, listes, partis ou groupements politiques bénéficient, en contrepartie, d’un accès équitable à l’antenne », précise l’Arcom.

Possible « de découper l’allocution phrase par phrase »

Mais le discours d’Emmanuel Macron est-il un soutien à la candidate de son camp ? « Cette manifestation ne peut être regardée comme l’action internationale du chef de l’Etat car elle constitue une opération de propagande électorale au soutien d’une liste », écrit le patron de LR Eric Ciotti dans sa lettre envoyée à l’Arcom.

Pour comprendre la classification du temps de parole présidentielle, « le Nouvel Obs » a contacté plusieurs « éditeurs ». Le groupe TF1/LCI a répondu : « Pour toute prise de parole politique, on a des collaborateurs qui comptabilisent les temps », explique Adrien Gindre, chef du service politique des chaînes.

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Pour le journaliste – « en première intention » – le discours du président « sera décompté comme “hors débat” car c’est du régalien et de l’international ». Mais, précise-t-il, il est possible « de découper l’allocution phrase par phrase, ce n’est pas un seul bloc ».

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A la fin du discours, le groupe télévisuel a précisé que leurs services vont se mettre en lien avec l’Arcom pour « voir quelle partie est décomptée “hors débat” ou “européennes” ». Car en cas de doute, c’est l’autorité régulatrice qui tranche. Et attendant la décision finale de l’Arcom, la droite – elle aussi en difficulté dans les sondages – a décidé de leur mettre la pression.

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