Non, le QI moyen ne recule pas

Test de QI aux Etats-Unis, dans les années 1950.

Test de QI aux Etats-Unis, dans les années 1950. ORLANDO/THREE LIONS/GETTY IMAGES

Décryptage  Contrairement à une idée reçue, les tests effectués dans le monde montrent une stabilité des résultats. Les chercheurs se gardent par ailleurs de faire de ceux-ci un indicateur de réussite.

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27 mars 2024

Sommes-nous devenus plus bêtes ?

C’est le psychologue Albert Binet qui, au début du XXe siècle, a mis au point une échelle des performances des écoliers à la demande du gouvernement. Faisant plancher des élèves sur des exercices scolaires, comme répéter cinq chiffres ou trouver tant de mots en un temps donné, il a établi leur score moyen, selon l’âge.

Il s’agissait de dépister ceux qui éprouvaient des diffi­cultés pour leur venir en aide et non pas pour leur coller une étiquette ­stigmatisante. « Mais ses avertissements ont été négligés, et ses intentions, bafouées », déplore Marie Duru-Bellat, sociologue de l’éducation, qui publie avec Sébastien Goudeau « L’intelligence, ça s’apprend ? » (le 11 avril chez UGA Editions).

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Très vite, des psychologues américains en ont tiré une première batterie de tests de QI. Convaincus que l’intelligence est innée et qu’elle se transmet de façon héréditaire, ils les ont utilisés pour trier les « meilleurs » candidats à l’immigration parqués à Ellis Island ou prôner la stérilisation des « faibles d’esprit ».

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Depuis, les généticiens ont découvert qu’inné et acquis s’entremêlent, mais ce préjugé reste courant dans la pensée anglo-saxonne. Quelques chercheurs militants, ouvertement racistes et sexistes, clament que l’intelligence baisserait dans nos sociétés parce que les plus doués ne feraient pas assez d’enfants ! Ils publient des articles qui, malgré une totale absence de sérieux scientifique, ont un succès viral.

Un soupçon de stress

En réalité, depuis les années 1950, les scores moyens de QI sont en augmentation continue, grâce à l’amélioration des conditions de vie et à l’allongement de la scolarité. Ils marquent un plateau depuis le début des années 2000.

Surtout, ces tests ne mesurent pas l’intelligence ou le potentiel, mais seulement la maîtrise de certaines compétences attendues à l’école ! Un soupçon de stress ou un manque d’estime de soi peuvent avoir une influence considérable sur la qualité de nos prestations.

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Et, contrairement à ce que nous croyons, « lier le score du QI à une forme de réussite quelle qu’elle soit se révèle hasardeux », assure Sylvie Chokron, directrice de recherche au CNRS, auteure de plusieurs livres sur cette question – voir notamment « Dans le cerveau de…  » (Presses de la Cité, 2024) et « Peut-on mesurer l’intelligence ? » (Le Pommier, 2014). Bien des personnalités exceptionnelles, brillants scientifiques, inventeurs ou artistes, ne sont d’ailleurs pas des « hauts potentiels ».

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