« Plus le conflit fait rage, plus Poutine risque de se retrouver isolé dans sa tentative d’escalade » : à Moscou, l’union sapée du Kremlin

Un jeune militaire devant une affiche de propagande vantant l’enrôlement le 5 octobre à Saint-Pétersbourg. OLGA MALTSEVA / AFP

Analyse Le déluge de bombes envoyées sur l’Ukraine le 10 octobre est aussi la réponse aux tensions qui transparaissent de plus en plus au sommet de l’Etat russe. Des critiques qui, chose longtemps impensable, visent même Poutine en personne.

Par Céline Lussato

Publié le 12 octobre 2022 à 7h30

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Parfois, certains propos semblent révéler la pensée profonde de leur auteur. L’échange de Vladimir Poutine avec quelques enseignants, le 5 octobre, en est un bon exemple. Lors d’une vidéoconférence télévisée avec des professeurs récemment primés par les autorités russes, le président interroge l’un d’entre eux sur les raisons profondes qui, selon lui, ont permis la célèbre insurrection menée au XVIII^e siècle par le cosaque Pougatchev contre l’impératrice Catherine II. Poutine écoute la réponse de l’enseignant, puis livre sa propre analyse : « La faiblesse de l’autorité centrale dans le pays. » Pourquoi interroger le professeur sur ce moment de l’histoire russe ? Poutine serait-il à ce point animé par la crainte de devoir faire face, lui aussi, à une rébellion faute d’avoir suffisamment affirmé son autorité ?

Avec l’enchaînement de revers subis par l’armée russe en Ukraine depuis mi-septembre, la grogne n’a cessé de monter dans les cercles du pouvoir. Contre différents hauts gradés et responsables politiques. Mais aussi – crime de lèse-majesté inconcevable il y a encore quelques semaines – contre Vladimir Poutine, réputé jusqu’ici pour maintenir son entourage dans un état de soumission absolue.…