Ce que l’on sait de la mort d’Evgueni Prigojine, le patron de Wagner

Le nom d’Evgueni Prigojine, le patron du groupe paramilitaire Wagner, est sur la liste des passagers d’un avion qui s’est écrasé en Russie.

Le nom d’Evgueni Prigojine, le patron du groupe paramilitaire Wagner, est sur la liste des passagers d’un avion qui s’est écrasé en Russie. HANDOUT / AFP

Evgueni Prigojine, le chef du groupe paramilitaire Wagner à l’origine d’une rébellion contre l’état-major russe en juin, était à bord d’un petit avion qui s’est écrasé, mercredi, non loin de Moscou.

Le patron du groupe paramilitaire Wagner Evgueni Prigojine, à l’origine d’une rébellion avortée en juin, son adjoint et huit autres passagers sont présumés morts dans le crash d’un jet privé mercredi au nord-ouest de Moscou, selon l’agence russe du transport aérien et un ministère.

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  • L’agence fédérale russe du transport aérien Rossaviatsia a confirmé qu’Evgueni Prigojine se trouvait à bord de l’avion effectuant un vol entre Moscou et Saint-Pétersbourg qui s’est écrasé dans la région de Tver. Il était accompagné de son bras droit Dmitri Outkine

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  • Il y avait 10 personnes à bord, dont trois membres d’équipage.
  • « Selon les premières informations, toutes les personnes à bord sont décédées », a indiqué sur Telegram le ministère russe des Situations d’urgence. Selon lui, cet avion privé Embraer Legacy s’est écrasé près du village de Kujenkino, dans la région de Tver, au nord-ouest de Moscou.
  • L’appareil, immatriculé RA-02795, a décollé de Moscou mercredi en direction de Saint-Pétersbourg entre 16 heures et 17 heures, heure de Paris. Il appartenait à la société MNT-Aero, spécialisée dans l’aviation d’affaires.
  • Le site de suivi des vols en ligne Flightradar24 montre sur Twitter l’avion sortir des radars à 18h11, heure de Moscou (17h11, heure de Paris), mercredi. Il se trouvait alors à 8 000 mètres, proche de son altitude de croisière, précise « le Monde ».
  • Si les causes du crash sont inconnues ce jeudi 24 août au matin, les alliés d’Evgueni Prigojine ont rapidement accusé le ministère russe de la Défense de l’avoir assassiné, rapporte « The Guardian ». La chaîne Telegram Grey Zone, qui compte plus de 500 000 abonnés liés à Wagner, a salué Evgueni Prigojine comme un héros et un patriote mort aux mains de personnes non identifiées qualifiées de « traîtres à la Russie ».
  • Le crash aérien a « très probablement » été causé par le FSB (ex-KGB), c’est-à-dire les services de renseignements russes, écrit la BBC ce jeudi matin, citant la Défense britannique. Le FSB « est loyal à Poutine », précisent nos confrères britanniques. Et d’ajouter : « La situation va probablement renforcer le ministre russe de la Défense Sergei Shoigu et Valery Gerasimov, le commandant des forces russes en Ukraine, critiqués par Prigojine. Une bonne affaire pour l’Ukraine, les deux hommes étant considérés comme incompétents ».
  • Une enquête a été ouverte pour « violation des règles de sécurité du transport aérien ». « Une équipe d’enquêteurs a été envoyée sur les lieux (…) pour établir les causes de l’accident », a indiqué dans un communiqué le Comité d’enquête russe.
  • Ce jeudi matin, ni le Kremlin ni le ministère de la Défense n’ont réagi. Vladimir Poutine a simplement prononcé mercredi soir un discours à l’occasion du 80e anniversaire de la bataille de Koursk au cours de la Seconde Guerre mondiale, se rendant dans cette région du sud-ouest de la Russie, frontalière de l’Ukraine. Sans mentionner le crash, le président russe a salué sur scène devant la foule le « dévouement » et la « loyauté » des soldats russes en Ukraine, qui « combattent avec courage et détermination ».
  • Le président américain Joe Biden a fortement suggéré une implication de Vladimir Poutine dans la mort supposée d’Evgueni Prigojine. Il s’est dit, mercredi soir, « pas surpris » de la fin du patron de Wagner, estimant que « peu de choses se passent en Russie sans que Poutine n’y soit pour quelque chose ».
  • En France, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a estimé lui aussi qu’existaient « des doutes raisonnables » sur « les conditions » du crash aérien dans lequel le patron du groupe paramilitaire Wagner Evgueni Prigojine est présumé mort.
  • Mykhaïlo Podoliak, conseiller de la présidence ukrainienne, a lui sous-entendu que Evgueni Prigojine a pu être éliminé par le Kremlin.
  • Nos confrères du « Monde » ont pu vérifier les images qui circulaient sur les réseaux sociaux montrant des débris en feu dans un champ ou encore un appareil tombant du ciel, et confirmer la localisation ainsi que le trajet de l’avion qui s’est écrasé.
  • A Saint-Pétersbourg devant le siège de Wagner, des personnes ont déposé des écussons du groupe paramilitaire, des fleurs rouges et des bougies, selon des photographes de l’AFP. « Nous n’avons pas de mots », a déclaré à l’AFP devant le mémorial improvisé un homme masqué apparemment membre de Wagner, portant une casquette et un sweat-shirt avec le logo de l’organisation et appelant à soutenir « Evgueni Viktorovitch (Prigojine) et tous nos commandants ».

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Des fleurs ont été déposées devant le siège de Wagner, à Saint-Petersbourg.

Des fleurs ont été déposées devant le siège de Wagner, à Saint-Petersbourg. STRINGER / AFP

  • La meneuse de l’opposition biélorusse en exil, Svetlana Tikhanovskaïa, a espéré sur X (ex-Twitter) que « sa mort (puisse) démanteler la présence de Wagner en Biélorussie », un pays allié de Moscou, qualifiant Prigojine de « meurtrier » qui « ne manquera à personne ».

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  • En début de semaine, Evguéni Prigojine était réapparu dans une vidéo dans laquelle il assurait se trouver aux côtés de combattants de son groupe paramilitaire en Afrique, sans spécifier le pays.
  • Le crash de l’avion et la mort annoncée d’Evgueni Prigojine intervient deux mois jour pour jours après la fin de la mutinerie avortée du groupe Wagner dirigée contre l’état-major russe et le ministre de la Défense Sergueï Choïgou. Elle avait été menée par ses hommes, qui ont brièvement capturé des sites militaires dans le sud de la Russie avant de se diriger vers Moscou. Vladimir Poutine avait qualifié Evgueni Prigojine de « traître », sans prononcer son nom. Ce dernier avait rapidement renoncé à cette mutinerie, en plein conflit en Ukraine. Elle avait pris fin le 24 juin au soir avec un accord prévoyant son départ en Biélorussie, tandis que ses combattants pouvaient l’y rejoindre, entrer dans l’armée russe régulière ou retourner à la vie civile.

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