La fatigue de la guerre, par l’écrivaine ukrainienne Sofia Andrukhovych

L’écrivaine ukrainienne Sofia Andrukhovych

L’écrivaine ukrainienne Sofia Andrukhovych VIKTOR HREBENIOVSKY

Récit  Entre deux insomnies, l’autrice de « Tout ce qui reste humain » raconte son épuisement, et celui de tous les Ukrainiens. Mais aussi leur calme sous les missiles russes, face à un conflit qui, ils le savent, va durer longtemps.

J’ai mis du temps à écrire ces quelques mots. Cela fait un moment que j’ai des insomnies chroniques. Et il y a cette fatigue, cet épuisement général. Pourtant, ce n’est pas à cause des missiles. C’est parce que, ces derniers temps, j’ai passé ma vie sur les routes, à aller parler à l’étranger, en tant qu’écrivaine, parfois sept heures d’affilée, de l’Ukraine. Il le faut : avant 2022, la Russie monopolisait les discours, contrôlait le narratif ; depuis l’invasion, les Ukrainiens sont un peu plus entendus. Ecoutés, je ne sais pas, mais entendus, oui. Et nous savons à quel point il est crucial qu’on ne nous oublie pas.

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On a souvent dit que la guerre était racontée par des hommes. Depuis 2022, c’est le contraire. Beaucoup de mes collègues écrivains et artistes sont au front ; ce sont donc souvent nous, les femmes, qui portons la voix de l’Ukraine. Voilà pourquoi j’ai passé tant de temps, dans des bus remplis de femmes qui patientaient à la frontière. Tant de temps à les écouter, aussi.

Cela m’épuise, nerveusement, de parler de la guerre. C’est plus facile d’être…

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