Marseille, épicentre des commémorations du génocide arménien

Des personnes brandissant des drapeaux arméniens lors d’une marche commémorative du 103e anniversaire des massacres d’Arméniens par les forces ottomanes en 1915, à Marseille le 24 avril 2018.

Des personnes brandissant des drapeaux arméniens lors d’une marche commémorative du 103e anniversaire des massacres d’Arméniens par les forces ottomanes en 1915, à Marseille le 24 avril 2018. BORIS HORVAT / AFP

Une première commémoration du génocide arménien a lieu ce mercredi à Marseille, ville qui a accueilli des milliers de réfugiés ayant fui le massacre de 1915.

Une cérémonie de commémoration du génocide arménien de 1915 se déroule ce mercredi 17 avril à Marseille, où des dizaines d’Arméniens ont trouvé refuge après le massacre dans l’Empire ottoman.

Le Conseil de Coordination des Organisations arméniennes de France (CCAF) invite les Marseillais à se recueillir, à partir de 17h30, à l’Hôtel de Région avec la projection du documentaire « Missak et Mélinée Manouchian » de Katia Guiragossian. A 18h30, le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier, prendra la parole, ainsi que les trois coprésidents du CCAF Julien Harounyan, Aurore Bruna et Azad Balalas-Kazandjian.

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Les commémorations se poursuivront partout en France à partir du 24 avril, à l’occasion de la Journée nationale de Commémoration du Génocide des Arméniens, avec plusieurs rendez-vous à Paris, Nantes, Meyzieu

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Mais la cité phocéenne a été particulièrement marquée par la migration des Arméniens. A partir de 1915, mais essentiellement entre 1923 et 1928, Marseille devient « le centre d’un mouvement migratoire qui traverse la Méditerranée, simple étape pour la majorité, lieu d’asile définitif pour certains », écrivait le défunt Emile Temime, historien spécialiste de la migration des populations du bassin méditerranéen et de la ville de Marseille.

A travers une publication intitulée « les Arméniens à Marseille » de l’association Ancrages, centre de ­ressources sur les mémoires des migrations, l’historien avance que la ville a accueilli « 60 000 personnes », mais que « tous ne s’installeront pas à Marseille », et précise que les « chiffres avancés sont discutés et discutables ». La cité phocéenne n’a alors « jamais accueilli en si peu de temps une masse aussi considérable de réfugiés ».

« A la fin de l’année 1923, on estime à plus de 6 000 le nombre des réfugiés arméniens restés dans la ville. En avril 1927, ils sont alors 14 000 à 15 000 réfugiés », détaille Emile Temime. Les chiffres restent certainement très en deçà de la réalité, « car beaucoup [de réfugiés] arrivent munis d’un passeport grec, libanais ou ottoman, et ne sont donc pas répertoriés comme apatrides ».

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Un « devoir de mémoire » pour les Marseillais

Depuis ces événements, la ville méditerranéenne voit chaque mois d’avril des personnes commémorer la mémoire arménienne, à l’image de l’an dernier, où plusieurs centaines de personnes s’étaient réunies. « A Marseille, nous sommes une grosse communauté. C’est un devoir de mémoire », témoignait une habitante au micro de « la Provence ». « Il faut que les Marseillais et les Marseillaises d’origine arménienne s’investissent », ajoutait-elle. Une autre manifestante, au bord des larmes, disait être là pour ses parents arméniens. Un mémorial avait été inauguré en 2006, dans le 12e arrondissement sur l’avenue du 24 avril 1915, date du génocide.

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Le bilan du génocide arménien, l’un des premiers du XXe siècle, reste un sujet de controverse. Selon les estimations des Arméniens, 1,5 million d’entre eux ont été tués. Pour sa part, la Turquie ne reconnaît pas le génocide mais une guerre civile doublée d’une famine, et estime entre 300 000 et 800 000 le nombre de morts avec autant de victimes du côté turc qu’arménien.

La France reconnaît, quant à elle, le génocide à travers la loi n° 2001-70 du 29 janvier 2001, et évoque « la mort de plus d’un million de personnes ». Le 12 avril dernier, une proposition de résolution a été écrite en ce sens par le député Renaissance Sylvain Maillard et porte sur « la reconnaissance et la condamnation des persécutions des Assyro-Chaldéens de 1915 comme génocide ». Ce peuple chrétien, connu sous les noms d’Assyriens, Chaldéens, Syriaques ou encore Araméens, a « également été victime de la politique d’extermination » de l’Ottoman, au même titre que les Arméniens. Selon « le Figaro », l’Assemblée nationale se prononcera sur cette proposition le 29 avril.

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