Témoignages Porteurs de la flamme olympique : « C’est une fierté et une récompense d’un engagement »

La championne paralympique d’athlétisme Nantenin Keïta tient la flamme olympique en compagnie de Florent Manaudou et de Jul, à Marseille, le 8 mai 2024.

La championne paralympique d’athlétisme Nantenin Keïta tient la flamme olympique en compagnie de Florent Manaudou et de Jul, à Marseille, le 8 mai 2024. CHRISTOPHE SIMON / AFP

Récit  Après son arrivée mercredi soir à Marseille, la flamme va sillonner la France pendant près de trois mois. Pour l’occasion, 10 000 personnes vont se relayer pour la porter à travers l’Hexagone. Témoignages.

A peine arrivée à Marseille où elle a été accueillie dans une ambiance de folie, la flamme olympique commence ce jeudi 9 mai son périple sur les routes de France. Jusqu’au 26 juillet, date de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, ils seront 10 000 à porter ce flambeau dans plus de 400 villes, y compris dans les territoires ultramarins. Un parcours qui marquera l’entrée de la France dans ses Jeux.

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Parmi les porteurs, on retrouve des athlètes, des personnalités, mais aussi de simples citoyens, récompensés pour leur engagement dans une cause ou une profession. Pour les identifier, Paris 2024 a mobilisé ses partenaires (entreprises, mouvement sportif…) et les territoires traversés par les relais. Sélectionnés après des candidatures spontanées, des parrainages, des jeux-concours ou encore des tirages au sort, les heureux élus « partagent l’une des trois énergies du sport, du collectif ou des territoires », assure l’organisation. « La flamme sera aussi celle des héros et héroïnes du quotidien », avait promis Tony Estanguet, président de Paris 2024, lors de l’allumage de la flamme à Athènes fin avril.

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Près de quatre mois après avoir appris qu’elle faisait partie des sélectionnés, Céline Blanchet, 37 ans, n’en revient toujours pas : « Je n’arrive pas à réaliser, c’est une vraie chance ! » Une surprise pour cette directrice d’une « petite école de montagne », à Entremont en Haute-Savoie, qui n’avait pas postulé. C’est l’académie de Grenoble qui a proposé son nom, après avoir eu échos de ses nombreux projets en lien avec le sport. Ainsi, grâce à elle, ses 58 élèves avaient eu la chance de rencontrer plusieurs athlètes de haut niveau, dont la skieuse Tessa Worley.

Un étonnement d’autant plus fort que Céline a appris début janvier la nouvelle directement de la ministre des Sports – et, à ce moment-là, de l’Education –, Amélie Oudéa-Castéra : « Son équipe m’a dit qu’elle voulait me parler car elle avait une surprise à m’annoncer. On a eu cinq minutes d’entretien où elle m’a expliqué pourquoi j’avais été prise et m’a félicitée. » Espérant porter le flambeau sur le plateau des Glières le 23 juin prochain, elle assure vouloir profiter de cet instant pour rendre fière « [ses] enfants et [ses] élèves ». Mais aussi vouloir personnifier l’ensemble du corps enseignant : « C’est difficile parfois de trouver de la reconnaissance et montrer ce qu’on fait, je veux représenter ce magnifique métier. »

«Porter la flamme, ça dépasse tout »

Beaucoup de relayeurs sont animés par cette volonté de mettre en valeur leur métier. L’adjudant Basan, membre de la Légion étrangère, qui portera la flamme le 14 mai en Corse, souligne vouloir représenter ses « frères d’armes » issus de 150 nationalités différentes. D’autant que certains seront mobilisés lors des Jeux pour assurer la sécurité. S’il s’envolera pour la Guyane cet été, ce militaire de 42 ans originaire de Kalmoukie, une petite épublique de Russie, a été sélectionné en tant que grand sportif, notamment médaillé de bronze européen en jiu-jitsu brésilien. « Porter la flamme, ça dépasse tout », tient-il à préciser.

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Lui non plus n’était pas au courant, et comme Céline, il fait partie des 182 agents sélectionnés par l’Etat. « Cette démarche s’inscrit dans une volonté de témoigner la reconnaissance de la France envers l’engagement indéfectible de ses agents au service de l’intérêt général », souligne la Délégation interministérielle aux Jeux (Dijop), en charge du projet.

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Parmi les 2,5 millions de fonctionnaires, la différence s’est faite sur « leur parcours professionnel remarquable, leur engagement envers le service public, leur parcours de vie hors du commun, leur lien avec le sport », explique-t-on à la Dijop.

Hommage aux victimes des attentats

Représentants de leur profession, les porteurs le seront aussi de leur territoire. « Vous êtes des ambassadeurs de Paris », lance Anne Hidalgo aux relayeurs parisiens réunis fin avril à l’Hôtel de Ville. Au total, ils seront 102 à se passer le flambeau dans la capitale les 14 et 15 juillet prochains. « Vos histoires de vie sont ce qui fait l’âme de Paris », déclare la maire, qui leur a annoncé qu’ils étaient également invités à la cérémonie d’ouverture. Une annonce accueillie sous un tonnerre d’applaudissements. « Ce sont des gens qui partagent l’enthousiasme des Jeux et qui travaillent souvent pour d’autres personnes », souligne Pierre Rabadan. L’adjoint aux Sports précise que le choix s’est fait dans une liste rassemblant des personnes proposées par l’Hotel de Ville et les mairies d’arrondissements.

« Quand j’ai reçu la nouvelle, j’avais envie de pleurer. C’est un grand bonheur », témoigne Lucie Teixeira, gardienne d’immeuble d’origine portugaise arrivée en France à 17 ans. Un peu perdu dans cette grande salle où il met pour la première fois les pieds, Bertrand Pellé, 89 ans, se dit « très étonné d’être sélectionné ». En revanche, Simone, son épouse de 86 ans, ne l’est pas et s’empresse de préciser que Bertrand est trois fois champion du monde de cyclisme catégorie vétéran. « Je suis très fière pour lui », souffle-t-elle, du bonheur dans les yeux.

La maire de Paris, Anne Hidalgo, avec les porteurs des flammes olympique et paralympique, à Paris, le 30 avril 2024.

La maire de Paris, Anne Hidalgo, avec les porteurs des flammes olympique et paralympique, à Paris, le 30 avril 2024. GABRIELLE CEZARD/SIPA

« Il y a un engouement de plus en plus présent et c’est un plaisir de participer aux Jeux », se félicite de son côté Naomi, 32 ans, qui sera co-capitaine du relais collectif des directions de la Ville. « C’est une fierté et une récompense d’un engagement. Depuis le Covid, on travaille d’arrache-pied sans contrepartie », souligne quant à lui Harouna Sow, 34 ans, chef de cuisine d’origine mauritanienne au Refugee Food, une association participant par la restauration à l’insertion des réfugiés.

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« Ce sera la première fois qu’un sapeur-pompier portera une flamme sans pouvoir l’éteindre », plaisante Timothé Bernardeau, pompier de Paris. Tétraplégique depuis 2018 à la suite d’un accident lors d’une représentation avec son groupe de gymnastique de la Brigade, ce caporal était sur le terrain lors des attentats de janvier et de novembre 2015. Des souvenirs douloureux qu’il partage avec Lassana Bathily qui a sauvé des otages à l’Hyper Casher. « Porter la flamme est un symbole, mon acte l’est aussi devenu, donc ça lie les deux », réagit humblement le jeune homme de 34 ans. Des présences comme un hommage aux victimes des attentats. La flamme passera également devant le Bataclan, autre lieu de mémoire.

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