« Première Affaire » : Noée Abita, jeune avocate dans un polar initiatique tiré au cordeau

Alexis Neises, Noée Abita et Anders Danielsen Lie dans « Première Affaire », de Victoria Musiedlak.

Alexis Neises, Noée Abita et Anders Danielsen Lie dans « Première Affaire », de Victoria Musiedlak.  TANDEM FILMS

Critique  Polar par Victoria Musiedlak, avec Noée Abita, Anders Danielsen Lie, Alexis Neises (France, 1h38). En salle le 24 avril ★★★★☆

C’est en pleine nuit, à la sortie d’une boîte, que Nora reçoit un appel de son patron lui enjoignant de se rendre immédiatement à Arras. Dans une tenue convenant mal à sa fonction d’avocate fraîchement diplômée, la jeune femme, dépêchée pour une simple garde à vue, se retrouve au cœur d’un fait divers sordide. Une adolescente a été retrouvée morte, défigurée par les coups, dans les bois. Dans la cellule, face à Nora, un jeune garçon immature et désemparé. Plus l’investigation avance, plus elle se sent attirée par l’enquêteur chargé de l’affaire. Contre toute éthique, la femme de loi et l’homme de l’ordre se rapprochent. Dans cette intrigue policière, où s’accumulent doutes, apparences trompeuses et dilemmes, se joue une brutale histoire de perte d’innocence. Car Nora comprend peu à peu qu’elle est l’objet de manipulation. Ses illusions volent en éclats : les frontières entre vérité et mensonge, justice et droit ne sont qu’artificielles.

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Comme les trois hommes (le jeune incarcéré, le flic et le patron) qui l’entourent, le scénario ainsi que la mise en scène étranglent progressivement la jeune femme. Pour son premier long-métrage, Victoria Musiedlak fait preuve d’une implacable rigueur d’écriture. Sous sa caméra, le drame se déplace peu à peu sur le terrain du social et de ses iniquités. Entre la cité où a grandi le suspect, la classe moyenne dont Nora est issue et la haute bourgeoisie du cabinet qui vient de l’engager se jouent des confrontations inéluctables. Tenant à distance tous les clichés sociologiques, la jeune cinéaste édifie une fiction judiciaire reposant sur le déterminisme, ses infranchissables frontières et la trahison de classe. La précision de son découpage, la composition du cadre et sa manière d’interrompre sèchement les séquences en leur milieu créent une tension en crescendo et un malaise diffus. Elles confèrent à ce thriller ambigu un oppressant soupçon d’opacité.

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