« Edward Hopper : une histoire américaine », ou les fêlures d’un génie taciturne
Critique Phil Grabsky explore l’œuvre majeure du chantre de la mélancolie et l’introspection. Sur Arte à 17h25.
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Il est l’un des plus grands artistes américains du XXe siècle. Né en 1882, Edward Hopper a marqué l’histoire de l’art par son style singulier : un réalisme presque photographique, à contre-courant des avant-gardes puis de l’abstraction qui dominent son époque. Dans ses toiles, il donne à voir des paysages urbains désertés de leurs habitants, des scènes d’intérieur peuplées de personnages esseulés, nimbées d’une atmosphère énigmatique où l’introspection l’emporte sur l’interaction.
Pour éclairer les ramifications souterraines de cette œuvre à nulle autre pareille, le documentariste britannique Phil Grabsky, multirécompensé pour ses portraits de Monet, Picasso ou Raphaël, la met en regard avec la vie et la personnalité du peintre au sein du paysage historique qu’il a traversé. Il s’appuie sur de précieuses archives : entretiens, carnets d’Edward Hopper et journal intime de son indissociable épouse, Josephine Nivison.
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Angoisses profondes
Elles éclairent la genèse de ses tableaux les plus célèbres comme « Maison au bord de la voie ferrée » (1925), « Automate » (1927), « Chop Suey » (1929), « Chambre à New York » (1932), « la Houle » (1939) ou « les Noctambules » (1942). Leurs sujets, qui semblent en apparence mineurs et leurs personnages, anodins, reflètent les angoisses profondes de l’auteur, homme pour le moins taciturne, capable de se murer dans le silence pendant plusieurs jours, et évoquent les inquiétudes latentes d’une société américaine en pleine mutation.
Bien qu’il recoure à l’expertise de plusieurs spécialistes, Phil Grabsky enjoint le spectateur à regarder ces toiles en se fiant à sa propre sensibilité - comme le disait Hopper, « Si vous pouviez le dire avec des mots, il n’y aurait aucune raison de le peindre ». En parallèle, le réalisateur rend un hommage mérité à Jo Nivison, son modèle et agente, qui s’est mise en retrait de sa propre carrière de peintre pour se consacrer à celle de son mari jusqu’à la mort de celui-ci en 1967. Edward Hopper lui doit pour beaucoup sa place au sommet.
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